Nicaragua UNAN
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La Centrale Sanitaire Suisse Romande (CSSR) s’engage depuis 2012 auprès de l’Université nationale autonome du Nicaragua (UNAN) pour que le personnel infirmier qualifié augmente ses effectifs dans le département de Matagalpa. Chaque année, plus de 300 étudiant-e-s de la filière infirmière bénéficient de conditions d’études améliorées.
Soutien à la formation des élèves infirmier-e-s du département de Matagalpa
En 2010, la densité de personnel soignant était de 12/10’000 habitants au Nicaragua
Dans les années 80 et 90, des sites universitaires ont été bâtis dans divers départements du Nicaragua, avec l’objectif de répondre à la demande en formation médicale professionnelle des régions les plus isolées du pays. L’UNAN en fait partie, avec sa filière de formation en soins infirmiers.
L’ouverture de la filière infirmière à l’UNAN de Matagalpa en 2004 a été réalisée suite à l’initiative de deux infirmiers, constatant le besoin chaque jour plus urgent d’infirmier-e-s professionnel-le-s sur le terrain. En effet, la plupart des soignant-e-s travaillant dans les différentes infrastructures du Ministère de la Santé (MINSA) sont des auxiliaires en santé et non des infirmières professionnelles. Ce sont donc des personnes qui n’ont suivi qu’une année de formation, mais qui sont amenées, dans leur travail quotidien, à effectuer des gestes techniques et à mobiliser des connaissances qui vont bien au-delà de leur formation.
Objectif global :
Contribuer à l’augmentation de personnel infirmier qualifié dans le département de Matagalpa.
Objectifs spécifiques :
- améliorer les conditions d’étude et d’accès à la formation d’infirmière pour les élèves infirmièr-e-s de l’UNAN et toute personne désirant entamer une telle formation
- améliorer la qualité de la formation des élèves infirmier-e-s du département
- développer l’utilisation de supports numériques grâce à des tablettes ou ordinateurs
- améliorer l’attention donnée aux patient-e-s à travers des cours d’éthique
Activités :
- distribution d’uniformes (blouses, pantalons, souliers, bas et coiffes pour les femmes) et de matériel élémentaire pour la pratique (montres, stéthoscopes, tensiomètres et thermomètres)
- distribution de matériel didactique, brochures et polycopiés
- cours d’éthique pour les élèves de dernière année
- Soutien à la formation continue des professeurs et amélioration des supports de cours.
- Amélioration du réseautage et du plaidoyer en faveur de la profession d’infirmier·ère de la part du corps enseignant, du rectorat et des élèves.
- Amélioration des mesures d’impact du projet, au niveau de la qualité de la prise en charge du patient·e et du parcours professionnel des étudiant·e·s une fois leurs études terminées. Cela se fera notamment à travers la création d’un Observatoire qui permettra aux responsables mêmes du projet de mesurer l’avance des objectifs du projet.
En bref :
Indicateurs | Données |
---|---|
Bénéficiaires | ~1000 étudiants (en moyenne) |
Durée | 2019-2021 |
Budget (pour 3 ans) | 249 199 CHF |
Domaines d’intervention | Formation, sensibilisation, mortalité maternelle, humanisation des soins |
Contexte politique
Petit pays d’Amérique centrale, le Nicaragua a connu une dictature militaire sous la coupe d’Anastasio Somoza jusqu’à la révolution sandiniste en 1979. Dans un contexte d’extrême pauvreté, ces derniers mirent en place des réformes sociales ambitieuses, notamment dans le domaine de la santé, l’éducation et la propriété de la terre. En 1990, la droite remporte les élections. Le libéralisme se déchaîne alors et malmène les secteurs les plus défavorisés. Le retour au pouvoir des sandinistes en 2006 soulève d’énormes espoirs.
Contexte socio-économique
Malgré la bonne gestion macro-économique du président Ortega, le Nicaragua demeure le second pays le plus pauvre d’Amérique Latine et des Caraïbes après Haïti. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage est de 8% et les richesses sont inégalement distribuées. Le gouvernement espère doubler le PIB national avec son projet de construction d’un canal interocéanique reliant la côte atlantique et pacifique qui, s’il est mis œuvre, s’achèverait en 2020.
Contexte sanitaire
Le Nicaragua figure parmi les pays qui connaissent une pénurie aiguë de personnel de santé, le département de Matagalpa étant l’une des zones du pays les plus touchées par ce phénomène. Selon l’Instituto Nacional de Información de Desarrollo (INIDE), en 2007, il y avait seulement 5 infirmières professionnelles pour 10’000 habitants à Managua, la capitale. Il n’y en avait que 2 dans le département de Matagalpa.
Des chiffres
Indicateur | Nicaragua | Suisse |
---|---|---|
Population totale | 6,2 mio | 8,23 mio |
Espérance de vie à la naissance h/f | 71 ans / 77 ans | 81 ans / 85.2 ans |
PIB/habitant | $1 904 | $78 432 |
Dépenses totales consacrées à la santé en % du PIB | 8,4 | 11,5 |
Nombre de personnel soignant (infirmièr-e, sage-femme) pour 10 000 habitant | 12 | 110 |
Indice de développement humain | 132/187 | 3/187 |
Sources : OMS 2013 / Banque Mondiale 2012-2014 / Unicef (2008-2012) / PNUD (2013).
Universidad Autónoma de Nicaragua (UNAN)
L’Université Nationale Autonome du Nicaragua est une université publique, fondée il y a 100 ans dans la ville de León. Elle a une filière de soins infirmiers spécialisés dans le département de Matagalpa. La formation proposée alterne entre cours théoriques et stages pratiques. Ces derniers se déroulent en partie à l’hôpital régional de Matagalpa, mais également dans les autres dispensaires et centres de santé du département (La Dalia, San Ramón), ainsi que dans d’autres hôpitaux du pays (Managua, Estelí, Jinotega) possédant des services non couverts par l’hôpital de Matagalpa, comme par exemple la psychiatrie. La filière infirmière compte actuellement des étudiant-e-s venant pour la plupart de la zone rurale et issu-e-s de familles pauvres.
La CSSR est engagée depuis 2011 auprès de l’UNAN pour former du personnel infirmier qualifié. Après une première collaboration réussie, la CSSR renouvelle son engagement pour une nouvelle phase de projet dès 2016.
Témoignages
« J’ai un bébé de 9 mois, je suis mère célibataire et le père de mon enfant ne m’aide pas. Mon père m’aide un peu. Donc parfois, quand je ne peux pas me rendre en classe, je fais des photocopies des cours. Quand je ne peux pas les payer, je recopie tout à la main. »
IVET, 20 ans, étudiante infirmière de 1ère année« J’ai dû prendre en charge le même patient pendant 15 jours. La première semaine, j’ai essayé de faire au mieux les gestes techniques que je devais acquérir. Le samedi, j’ai reçu le cours de bioéthique. Le lundi, quand je suis retourné au travail, mon patient m’a dit : Eh toi, on t’a grondé ? On t’a rappelé à l’ordre ? Et moi, j’ai répondu que non, tout étonné. Il a continué : Allez, on t’a dit quelque chose pour que tu sois plus gentil avec les patients ! Comment ça se fait que toute la semaine passée, tu me regardais à peine et aujourd’hui tu es tout gentil !? »
JOSE, 24 ans, étudiant infirmier de 4ème année« La majorité des élèves qui doivent arrêter d’étudier, c’est à cause de l’argent. Certaines travaillent mais c’est difficile de travailler et d’étudier en même temps. Ce qui manque le plus, c’est l’argent pour étudier, pour les polycopiés et les uniformes. »
MARIA, 19 ans, étudiante infirmière de 2ème année« J’habite à Matagalpa avec ma famille. J’ai 47 ans. Avant d’étudier la santé périnatale, j’étais auxiliaire infirmière. J’ai ensuite étudié pour être infirmière professionnelle et maintenant je fais la spécialisation.»
MELBA, 47 ans, élève de 4ème année