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Séquestrations au Chiapas: la coopération suisse ne doit pas délaisser l’Amérique latine!

Depuis 2020, la CSSR soutient un projet au Chiapas (Mexique) intitulé «Santé digne et humaine pour toutes et tous: améliorer la santé préventive dans la région frontière du Chiapas». Brenda et Tonio sont un couple dans le travail et dans la vie. Ils sillonnent à moto les communautés impliquées dans ce projet. Le samedi 30 avril, alors qu’il·elle étaient en déplacement avec leur petite fille, il·elle ont été séquestré·es par les narcotrafiquants qui se meuvent de plus en plus souvent dans la zone, effectuant des actions de terreur destinées à tenir la population en respect. Brenda, Tonio et leur petite fille sont restés entre leurs mains dévastatrices pendant plusieurs heures, nous ne donnerons pas plus de détails.
Nous voulons juste attirer l’attention de ceux et celles qui s’intéressent à ce que la coopération suisse fait des sommes allouées par la population helvétique à cet effet. Sous les auspices de M. Cassis, le DFAE a produit un document en 2019 dans lequel il annonce qu’il ne s’impliquera plus en Amérique latine, continent qui aurait moins besoin de notre aide que l’Afrique ou le Moyen Orient. La triste histoire de nos partenaires chiapanèques montre qu’il n’en est rien: l’Amérique latine a aussi besoin de notre soutien, car la présence d’ONG dans les zones où se trouvent de nombreux
narcotrafiquants peut être éventuellement dissuasive, surtout si les Fédérations de coopération commençaient à aller observer directement sur le terrain la situation des bénéficiaires de nos projets.
Nous allons bientôt voter l’acceptation ou le refus de millions supplémentaires pour soutenir la police européenne, Frontex, qui «protège» les frontières de cette Europe qui veut empêcher autant que faire se peut l’arrivée chez nous de migrant·es venant d’Afrique et d’Asie. Ne vaudrait-il pas mieux placer ces millions dans une coopération qui renoncerait à rayer l’Amérique latine de ses bénéficiaires?
En tout cas, nous le disons bien fort: les projets, nos projets en Amérique latine doivent être soutenus sans discussion. Il y a derrière ces projets des bénéficiaires en lutte, en résistance non seulement contre des dégradations climatiques, contre des injustices sociales indécrottables malgré les changements de gouvernement, contre une pauvreté endémique malgré les petits et les grands projets, mais aussi face à la terreur du narcotrafic.

Bulletin nº183

Le bulletin nº183 est là! Il commence par un édito de Claude Calame, Directeur d’études à Paris, qui appelle à voter non à Frontex et sa politique de rejet des personnes en exil. Vous trouverez aussi la visite du projet de réparation de la santé en Equateur par Aude Martenot et Olivia Albertoni.

Nous avons aussi le grand regret de vous annoncer le décès du Dr. Jean-Pierre Guignard, le 14 avril 2022, entouré de sa famille. La CSSR perd un membre apprécié de son comité, un militant infatigable et surtout, un ami de longue date.

Geneva Health Forum !

9ème édition – Du 3 au 5 mai 2022

Le Geneva Health Forum est le forum des pratiques innovantes en santé globale. Son but de présenter des pratiques innovantes, accessibles et durables afin de faciliter l’accès et l’équité en santé; C’est un événement international à ne pas manquer, où les principales questions de santé,
alimentés par des expériences de terrain, sont en discussion.
Le GHF favorise les rencontres dynamiques et le partenariat entre les diverses acteurs actifs dans la santé globale.

Plus d’informations ici : site.ghf2022.org

Bulletin nº182

Nouvelle année, nouveaux défis, nouveaux objectifs! La CSSR vous propose un nouveau bulletin pour ce début d’année 2022!

Ces deux dernières années nous ont montré à quel point les inégalités en matière de santé constituent une source de tension dans le monde. C’est pourquoi la CSSR cherche toujours à se réinventer afin de répondre au mieux à ces problématiques.

Dans ce bulletin nous vous invitons à vous plonger dans l’histoire de la CSSR et de ses origines antifasciste et de découvrir le quotidien des sages-femmes traditionnelles à Quetzaltenango.

0.7% pour l’aide au développement: la double farce

À lire dans le bulletin, https://css-romande.ch/bulletin-n181/

Début octobre, la CSSR a été invitée à participer à la cérémonie des 20 ans de la loi genevoise sur le financement de la solidarité internationale. L’occasion de revenir sur cet outil de l’aide publique au développement (APD) à la sauce capitaliste.

Le chiffre arbitraire de 0.7% du revenu national brut (RNB) accordé à l’APD a été proposé en 1970 par l’ONU aux 22 pays les plus riches, sur les conseils de la Commission Pearson, instituée par le président de la Banque mondiale. A cette époque, le flux cumulé de capitaux du Nord vers le Sud était déjà proche du 0.7%, c’était donc un effort modeste qui était proposé.

En 2011, le Parlement helvétique a décidé de porter l’APD à 0,5% du RNB. En 2021, celle-ci atteint 0,44%. On est bien en deçà du 0.7%, d’autant plus qu’une part de l’APD (près de 9% en 2020, soit 303 millions CHF) comprend les frais d’assistance aux requérant·es d’asile durant leur première année de séjour en Suisse!

Le canton de Genève n’a pas tenu non plus cette promesse. De son côté, la part de l’aide cantonale vaudoise au développement oscille autour de 0.004%. A Fribourg, le montant cantonal tournerait également autour de 0.006% du budget 2021.

La Suisse, à l’instar de plusieurs autres pays, n’a ainsi jamais atteint cet objectif de 0.7%. Si l’on ajoute que ces mêmes pays sont bénéficiaires de l’accaparement des richesses par une minorité ainsi que la situation dramatique dans laquelle se trouvent les populations du Sud, le non-respect de cet engagement vire au pur scandale.

Le 0.7% est considéré par l’ONU comme un outil pour encourager les nations riches à soutenir celles du Sud. Pour la CSSR, la réflexion ne peut pas s’arrêter là mais doit impérativement prendre en compte le contexte socioéconomique et politique. Ce n’est pas un soutien que les pays riches doivent offrir: c’est une réparation que nous leur devons, suite à des centaines d’années de pillage, d’extractivisme, de colonisation, d’impérialisme et de domination!

Alors le 0.7% pour l’APD, c’est une double farce: 1) parce qu’on en est loin et 2) parce que c’est bien plus que ça que nos dirigeant·es devraient financer!